dimanche 26 septembre 2010

Rares sont les damnés #1

S'il avait décidé de le suivre, aujourd'hui, c'était pour des raisons bien évidentes. Pourtant...

Ils avaient prévu de partir samedi matin, s'arrêteraient sur la Rocheuse du Piquet pour rentrer le dimanche soir, se boiraient peut-être un verre... et s'en iraient, finalement, chacun de leur côté. Lui n'aimait pas tellement la randonnée, mais il appréciait le simple contact de l'air, du ciel, de l'extérieur. C'était revigorant et, socialement, c'était appréciable et sain.

Il posa son sac près de son lit et l'ouvrit. Puis il avisa deux T-Shirts et un pantalon de toile qui feraient sûrement l'affaire ; soigneusement, il s'en saisit, les posa délicatement sur son lit et hésita.

"Ouais mais, au fond de là... ils vont finir fripés !"

Nous avons tous de mauvaises habitudes : la sienne, c'était de croire au soin éternel. A l'ordre, au rangement, classement, mise en place de structures solides capables de supporter de lourdes charges, tri efficace et sans heurt, bref, à la présence d'une divinité qui superviserait les tâches majeures de la vie d'un Homme - entendons par là : destin, amour, travail, famille, patrie, bonheur, malheur, des meilleures et j'en passe.

Il se résigna, acheva ses préparatifs en hâte. 7h sonnait déjà.

(...)

mercredi 1 septembre 2010

Un pour tous. Tous pour un ?

Le temps a des hauts et des bas.

Il faisait moins froid là-bas.

Pourtant, ce dont je me souviens, c'est de la peine et des blessures du vent. Celui qui congelait les âmes et ramenait toute chose à son état primaire.

Par ici, il fait plus chaud, c'est sûr. C'est un pays où certains cohabitent et d'autres se quittent ; le soleil s'y veut peut-être plus présent, mais nous n'y sommes pas seuls.

Sur ces terres, c'est l'Homme qui se confronte à l'Homme.

On pourrait croire à la loi du plus fort, il n'y a que celle du nombre qui compte. Celle du groupe, du clan, et parfois celle de la nation.

La vraie force de l'Homme est née de l'entente ; une entente non-solidaire, faussement collective, portée par des intérêts personnels. Qui amenèrent à la solidarité, aussi factice qu'elle soit.

Pouvait-on espérer autre chose ?

Rien n'est acquis, et la nécessaire transmission de savoir a été la pièce maîtresse de cette bâtisse bancale, mue par des forces opposées. Il fallait apprendre : apprendre à se nourrir, apprendre à communiquer, apprendre, finalement, à être autonome.

Etre autonome, pour mieux porter ses valeurs et intégrer un nouveau groupuscule.

La liberté est toute aussi illusoire que la solidarité. Prisonniers de ce que d'autres décidèrent avant nous, le seul choix qu'il nous reste est de suivre la voie.

La somme des intérêts personnels amènent l'intérêt collectif.


La bête qui déferla sur nos régions, il y a plusieurs milliers d'années, acheva de nous convaincre. Seuls, nous n'étions que lambeaux de chairs, cervelle impuissante. L'union faisait la force, et nos bras, plus assurés, parvinrent à détruire la menace.

Que nous restait-il ?

Le besoin de reconstruire, de nous assurer un avenir meilleur. Une sécurité. Les premières technologies, puis les premières constructions... et vous voilà, à notre place, dans le carcan que d'autres nommèrent "société".

Si c'est un piège, il est finement agencé. Puisque, prisonniers de vous-mêmes, vous voilà interdépendants. Dépendants de vos parents, puis de vos contemporains, puis de votre propre conscience qui tend à vous ramener dans le droit chemin. Celui qu'empruntent la majorité de vos pairs, celui que nous avons choisi pour vous. Le bon.

Il nous reste un conseil, un seul : choisissez bien votre camp.