mercredi 19 octobre 2011

Le Fruit Pourri a la banane

... ... ... ... ...
Voilà que je me réveille et que mon réveil me dit, entre deux hurlements, qu'il est 7h.

Naturellement, je me lève ; il le faut bien ; le devoir m'appelle. Unité au rapport, 7h15, salle de bain. Vaccination thermale, réchauffement climatique intérieur, brossage de dents et ouverture des stores : enfin, je vois.


C'est déjà ça.



7h30, unité en ravitaillement, cuisine. Crunch-crunch, miam-miam, stand by, over. Quelques minutes de déglutissements et me voilà fin près.

8h, démarrage des pompes latérales et mise en route du processeur ; démarrage des systèmes de machine à café et de conduite ; verrouillage de l'univers environnant et extraction.

Puis train-train quotidien, suite de 9 actions soumises à 32 choix potentiels, répétée tout au long de la journée. Quand je rentre, mes 2 aspects et leur projection se restructure, et j'obtiens alors...

... le temps libre.


Et là,
Etrangement,
La porte s'ouvre.

Ainsi, le fruit pourrit. Il pourrit parce qu'il ne sait pas se défendre contre ses propres faiblesses. Il pourrit de l'intérieur. Il se pourrit. C'est le choix du petit qui le constitue, comme du grand qui refuse de réagir. C'est le fait de ne pas aller chez le médecin. C'est le fait de manger gras. C'est le fait de la nature.

Mais si certaines choses sont forcées, deux sont soumises au choix : décider, et vouloir. Vouloir, c'est refuser le fait, c'est le nier, et donc s'opposer soi contre lui ; c'est exister et grandir. Décider, c'est signer un pacte d'action, c'est s'engager fermement à agir dans le réel ; c'est se projeter et se préciser. Réaliser, c'est mêler ces deux aspects, ces deux faces d'une seule et même action.

Alors, comment savoir si le résultat est bon ?

Tout simplement lorsque le fruit ne pourrit pas. Lorsque chaque habitant d'un pays vit l'action et est promis à l'action ; lorsque chaque composant du grand remplit son rôle - celui pour lequel il s'est vu programmé - en s'adonnant à la contradiction de ce propre rôle - ceux pour quoi il veut être, alors le fruit ne pourrit pas.

A ces deux nécessités, il faut ajouter quatre issues : la possibilité de remplir son rôle, l'impossibilité de remplir son rôle, la possibilité de contredire son rôle, l'impossibilité de contredire son rôle. La barrière qui impose ici une fin de non-recevoir à l'action engagée n'est jamais le sujet : il veut s'expanser et compte bien le faire.

C'est l'autre qui, par sa présence, rend ce besoin impossible. Parfois, on ne peut pas être ce que l'on veut être ; et, parfois, on ne peut pas être ce que l'on ne veut pas être ; autrement dit, on est forcé d'être ce qu'on est... et on ne peut pas être ce que l'on veut.

Bref.

Tout ça fait que tout ça tourne mal ; que les composants d'une société se mettent à aller mal. Que le système de gouvernance choisi n'est plus une application responsable et logique amenant au bien-être général, mais un parasite contaminé et promis à sa propre mort.

La tête va mal, alors pourquoi le corps irait mieux ?


Voilà que je me lève ce matin, et que certains s'indignent. Certains écrivent quelques pages, se basant sur une histoire personnelle, et promettent à tous la Vérité et le Repos au travers de l'indignation. Voilà que certains jouent des coudes sur la table, et n'imposent non pas le progrès, mais la révolte.

Révolte au service de la révolte, bactérie prolifère qui indispose l'Homme.

Voilà que je me lève ce matin, et que certains partis professent à grands renfort de média(s) contre d'autres partis, aujourd'hui non plus en se basant sur les faits - si faux soient-ils ; mais en brandissant l'injure, le mépris gratuit, et l'espoir que les fidèles suivront.

Sommes nous devenus aveugles, tout indignes que nous sommes ?

Bla bla bla.

Il est de nos jours logique, et voulu comme inclus dans la logique générale, qu'un parti se permette d'organiser une émission, s'accaparant un média - avait-on le choix ? ; et qu'il s'y plaise à débusquer, au grand jour, les failles d'une organisation concurrente. Derrière la table, l'Indigné opinerait du chef ou retournerait sa veste. Mais quel logique brandirait-il, lui ? Quelles solution face aux faits, à part s'indigner ? Quel exemple pour l'autre, que de proposer, devant la faute, de s'indigner ? N'a-t-on plus que la peur d'être dominé ? Est-ce là le propre de l'espèce humaine ?

Bordel de merde, arrêtons un peu les conneries - voilà l'indignation.

Elle se marque comme un point, pas comme un fait ; c'est elle cette décision de changement, mais elle est au-dessus du temps. Elle est ce poteau que l'on rejoint pour redémarrer un nouveau processus, basé sur une logique née de la rupture, nettoyée de tout ce qui ne fonctionne plus, pour repartir sur des bases saines.

L'indignation est ce signal d'alarme qui pousse la société à sa régulation.

Qu'un parti se fasse instrument du diable, et que l'autre réagisse en ce sens en jouant la carte défensive, autrement dit que la droite s'éclate à démolir la gauche, et que la gauche fasse comme si de rien n'était, tout cela est un processus qui, dans mon cas, provoque l'indignation. Oui, M. Hessel.

Mais à la différence près que je m'indigne devant une logique, et non un fait. Et, si vous voulez tout savoir, je m'indigne devant la logique générale qui veut que cette logique ne soit pas démolie aussi vite qu'elle a tentée d'apparaître.

Mesdames, Messieurs, le gouvernement va mal.

Mesdemoiselles, Messires, le monde va mal.

A tous, le fruit pourrit.

Moratoire arbitraire.

Que proposer à cette lente décomposition ?


Un nouvel équilibre. Basons les faits sur nos découvertes ; concentrons l'action sur la résolution des erreurs, avant de nettoyer les plaies par le confort. Découvrons qui nous sommes avant de savoir ce que nous aimons. Contemplons nos projets au travers d'un sas crédible ; pas personnel. Voyons dans l'ensemble, de façon globale. C'est une tâche commune qui anime tous les aspects nés de la création naturelle. C'est un projet commun, tissé au fil des altérations d'états, des refontes permanentes de chacune des espèces qui a acquis, aujourd'hui, le droit d'exister au rang des projections de la Nature. Qui pourrait s'en détacher ? La gravité nous y cloue.

Mais l'Homme le veut ; l'Homme veut quitter son habitat. Alors le fruit pourrit.

Le fruit pourrit lorsqu'il n'est pas possible d'être ce qu'on ne veut pas être ; d'être ce qu'on ne peut pas être ; d'être là où on n'est pas. Alors, se donner les moyens d'être Ailleurs, c'est créer l'Imaginaire. La projection d'état ; le nettoyage des faits, des actions, pour focaliser la vision sur les aspects positifs. C'est oublier ses erreurs pour se préserver, nier les faits pour ne pas pourrir. Mais c'est un mensonge.

Alors, il faut accepter d'être ce qu'on ne veut pas être. Il faut tout vouloir, et tout décider, ni plus, ni moins. Et quand l'on veut quelque chose dont on a peur, cette chose ne nous effraie plus. Si on décide, en plus, de l'aimer, alors on se promet à son amour. Non pas qu'elle ne sera plus dangereuse, et non pas qu'il faille, alors, aller vers elle ; mais, si l'interaction devait se présenter, la vision qu'aurait le sujet de son traitement aurait une finalité positive, qui exclurait la mort - fictive mais, à la base, présumée, et donc source de la peur. Au final, ce processus recourt à gouverner l'Imaginaire ; car c'est le mensonge même qui fait naître la peur, et c'est lui qui nous façonne encore, chaque jour.

La double vision, le double aspect, la cachette et le secret. Jamais à coeur ouvert. Et pourquoi donc ? Indignons-nous !

Ouais, ouais... indignons-nous, c'est ça... Toujours est-il qu'il n'y a pas de vérité ailleurs : il n'y a que de la constatation (du vouloir). La déduction (décider) est intérieure : c'est en enlevant ces masques de mensonge que nous portons tous que nous accéderons, chacun, à nos natures réelles. C'est par la soustraction qu'apparaît la connaissance, et non par l'addition. Le "plus", l'autre, le facteur, sont toujours positifs ; ils sont un miroir de la progression générale dans cet état d'action qui consiste, ni plus ni moins, qu'à se connaître soi.

Nous penserons alors tous nous connaître. Bien évidemment. Nous aimons le cinéma, les jeux de société, la peinture rupestre et l'équitation à dos d'ornithorynque. Bien évidemment.

Et puis cet état change. Nous n'aimons plus le cinéma, parce que c'est nul ; nous préférons les Pokémon. Subtil changement. Rien du tout. Non, vraiment, je regrette pas du tout, Sylvester Stallone c'est plus ce que c'était.

Oui, mais...

... m'enfin merde, indignons-nous ! Où situes-tu la connaissance de toi dans cette action ? Tu diras "j'en avais marre", ou bien "ça ne me plaît plus", mais tu chercheras à comprendre pourquoi ?

Hm... moi non plus.

Alors, ouvrir la porte, ce n'est pas empêcher le fruit de pourrir ?

Ben, si. D'un côté.




Parce que se connaître vraiment, c'est accepter d'être à deux niveaux : à la fois comme produit, comme résultat d'une addition passée, comme un nombre projeté dans l'univers des nombres, censé y trouver la place propice, comme tous ses semblables, afin de former l'équation qui permettra l'établissement de nouvelles bases solides permettant l'expansion de la cellule ainsi formée ; à la fois comme être humain, pensant, ressentant, sentant ; soumis aux lois d'une société et d'un état de fait, soumis à un rôle prédéterminé, aimant et goûtant chaque jour par les sens et l'Imaginaire, focalisant sa pensée sur l'action et son goût sur la collaboration, ou l'inverse.


Alors, le fruit ne pourrit plus.


Il s'accepte dans ses deux parties, ses deux aspects ; l'un forcé, établi, logique : l'établissement de l'expansion ; l'autre choisi, pensé, voulu : les travers personnels qui amèneront à l'équilibre du sujet et à l'expansion de la cellule qu'il constituera avec ses pairs. En somme, nous ne choisissons pas la forme, mais les couleurs.

Si on est une banane, j'espère qu'elle n'est pas verte.

Freud y verrait sûrement quelque chose.