lundi 4 décembre 2006

Concerts, chapitre II : Dionysos + "Bubblies"

Après Phoenix le 20 octobre, j'étais assez motivé pour retrouver les pogos et les slams excités (rrrr) de Dionysos. C'est donc en compagnie d'un chevelu hippie blond, d'une naine bleue, d'une autre hippie doctoresse, et d'un homonyme que je suis arrivé dans la salle de l'Aéronef de Lille et ses deux étages, espérant connaître la liesse et l'excitation connue au Grand Mix. Putain, elle tue cette intro.

Donc, on arrive dans la salle, avec Sim', Eve, Mow, et Paulo, et on tombe directement sur une vraie tuerie : Thierry. Oui, Thierry. Je sais, c'est dur à croire, mais c'est pourtant la réalité... ah, qui c'est ? Ben, un cassos. D'où une phrase culte : "ouais, si y a trop de secousses je monte à l'étage hein".


Bon, après ce petit quart d'heure de détente, on était assez motivé... enfin, avec quelques réserves quand même, surtout quand on a su que la première partie s'appelait "Bubblies"... encore une connerie à la Superbus, qu'on s'est dit (non, pas français, mais moi parler belge)... ben on avait tout bon. Un guitariste cassos, une bassiste qui jouait des lignes bidons au médiator, un batteur bien jeune, et, comble, une nana complètement déchirée au synthé, du genre Mario avec sa salopette bleue passé à la javelle... qui était sur scène pour faire trois notes sur chaque morceau (mention spéciale au "tu tu tu tu", qui a marqué les esprits), et qui donc ne servait à rien à part faire marrer le public. Bubblies, un groupe à éviter, donc.

Bon, là, ils sont que trois, mais ils sont nazes quand même
Ils nous auront néanmoins permis de lancer une grosse vague de pogos dans ce public endormi, ce qui a permis de réveiller un peu les esprits et de créer une petite zone de vie. Eeeeh, ouais, je sais. Dionysos prend son temps, finit de mettre son dernier cru en bouteille, et arrive finalement après un appel motivé du public... et là, doute : d'après ce qu'on vient d'en voir, la foule est merdique... on va encore se retrouver à trois à bouger ?... ben nan, quelques notes, et c'est parti, les bonnes grosses "vagues" dionysosiennes, les pogos de malades, les slams... la foule est contente, l'intro est réussie. Youpi.
Et puis, une ligne de basse... Giant Jack. Et c'est là que ça démarre vraiment, avec 2h environ de pur concert. Je pourrai pas trop développer, étant donné que je quasiment pas Dionysos (faut toujours que j'écoute leur CD d'ailleurs... hm), mais c'était aussi bon qu'au Grand Mix, avec un groupe toujours aussi puissant, un gros son de basse, et un chanteur au centre du truc.
Mention spéciale à Matthias, d'ailleurs, puisque c'est lui qui permet que ces concerts soient si animés, il est le noyau, et les autres tournent autour, il donne la mesure, démarre, arrête les morceaux, saute, tombe, et slame de la scène jusqu'au deuxième étage (y compris dans les escaliers, excellent) de l'aéronef pour relancer le public dans les dernières minutes du concert...


"I am scared by Giant Jack", lance le gars affublé de lunettes à une foule silencieuse et attentive... et puis un gros "Giant Jack is on my back", et la machine redémarre, la foule est tout de suite moins attentive, en fait, et on en arrive aux pogos et slams... en parlant de slam, je crois bien avoir battu mon record de durée en l'air, avec au moins une minute sur Song for Jedi... un des meilleurs de ma vie, si ce n'est le meilleur. Ouais, j'en arrive même à faire des classements de slams, chui complètement dingue. Je précise que ceux sur les haies à côté de chez Sim' ne comptent pas, hein. Sans déconner, c'est du bon, sa mère la teup'.
Bon, on continue dans les slams, avec le guitariste et le bassiste également sur les mains, toujours sympa le petit contact. Ils sont vraiment partis en trips à plusieurs moments, avec un Matthias qui se met à imiter un DJ, qui raconte pas mal de vannes sur les autres membres du groupe, qui déballe des trucs à la con (I kiss you, I kiss you, I kiss you, I FUCK you... ok), et qui revient comme d'hab à la fin avec son petit harmonica pour relancer la foule une dernière fois, comme un dernier volupte de fumée qui disparaît dans l'air. Pas mal comme métaphore, tiens.

A part ça, concert passé dans les premiers rangs, et il fait bien chaud... à tel point qu'on fumait aux chiottes... enfin, c'est nous qui fumions, pas des garots. C'est assez drôle. Ah ah. Non, en fait c'est pas trop drôle, mais ça me fait marrer quand même. A croire que j'aime ça.
Sorti du concert, les jambes en compotes (incapable de marcher), le bras gauche ankylosé (à force de le maintenir en l'air... j'ai bien dit "le bras", hm), un mal de crâne énorme, trempé et avec pour seul rempart contre le froid un T-shirt mouillé aussi... autant dire qu'on a bien caillé, et que ça puait bien dans la voiture... encore un coup de Eve, ça. Les filles, 'vous jure, aucune hygiène.

Verdict : toujours aussi bons, je serai présent au prochain concert.

Petite morale de fin :
"Dionysos, c'est comme un chon.
Au début, on est pressé de se l'allumer,
Pendant qu'on le fume, on est super bien, mais
en même temps, ça nique la gueule.
A la fin, on regrette que ça soit déjà terminé,
et on en veut encore."

Et je rappelle, les enfants, que fumer c'est mal.
Prochain concert : rien. Merde. Putain.

Je veux encore du Dionysos.

PS : j'espère avoir tout dit, y a pas eu d'évènements vraiment marquants, mais le tout était vraiment très très bon, une très bonne prestation, niveau son, niveau communication, parfait. Boarf, je rajouterai deux trois trucs si ça me revient. La prochaine fois, allez les voir, ils valent vraiment le coup... et réservez vos places assez tôt, y a de la demande. Supérieure à l'offre, même. Putain, faut que j'arrête l'éco, je vais bientôt commencer à avoir des boutons d'acné. Miam. Sim', la prochaine fois, on pogote à deux, planqué va !

dimanche 22 octobre 2006

Concerts, chapitre I : Phoenix + Peter Von Poehl

Bon, j'ouvre une nouvelle série pour vous parler musique, pour vous parler concerts, en fait, avec mes expériences concertiennes (si, ça existe)... et c'est Phoenix et Peter Von Poehl qui ouvrent le bal. En première partie, Peter.



Un petit gars bien sympa, originaire de Suède, et également l'auteur du magnifique Story of the Impossible et de Going where the tea-trees are qui sont vraiment à écouter... en fait, à l'origine, en achetant les billets pour Phoenix, on ne savait pas qu'il faisait la première partie... ça fait franchement plaisir de découvrir et d'apprécier un musicien, et de se rendre compte qu'en fait on le voit en concert la semaine prochaine... un peu comme si vos potes vous faisaient une belle suprise. Enfin, bref.
Le gars est donc arrivé sur la toile de fond dédiée à Phoenix, tout seul avec sa guitare et son harmonica, et après un "bonjour" timide et avec l'accent anglophone, il nous chuchote doucement "cette chanson s'appelle Story of the Impossible..." ... euh, merde, il va pas se la faire en solo ? Ben si. J'ai été un peu déçu, parce qu'une grande partie de la beauté du morceau repose sur son instrumentale, mais il s'est pas mal démerdé (sa voix est légèrement retouchée sur l'album, notamment pour les aiguës, m'enfin)... il termine doucement sa chanson, et puis le reste du groupe arrive, et Peter commence à nous raconter l'histoire du prochain morceau. "Je suis allé chez le dentiste, et ça s'est pas très bien passé"... et il enchaîne sur l'histoire de la petite souris, "fairy tooth" chez les suèdes ou les anglais, aucune idée.

Par contre, aspect négatif, le public était pourri, parlant pendant qu'il racontait son histoire, à voix haute... bon, à la rigueur, ça peut arriver vite fait, mais là... enfin, il continue, morceau après morceau, des mélodies pour la plupart aux arpèges doux, posés, et reposants, mais également deux trois trucs qui bougeaient plus, avec des influences de jazz. Que du bon. Il nous demande également de chanter avec lui, nous remercie... et au final, il nous sort une mandoline, et murmure "cette chanson s'appelle Going where the tea-trees are"... youpi, quoi. Quatre minutes de bonheur, un peu comme une pause, un aparté, au milieu d'une grande plaine avec un arbre planté en son milieu... les yeux fermés, y avait plus que les notes qui s'enchaînaient... génial, ce gars. Et puis, il s'en va. Si, si. 30 minutes d'attente, le cul par terre... et voilà, dans le noir total, plusieurs personnes qui arrivent sur scène.



Bon, ceux qui auront écouté l'album l'auront trouvé vraiment sympa, avec un style un peu pop anglaise, voire "Beatles", mais pas vraiment destiné à faire bouger une salle... alors, en les voyant arriver dans le noir, je suis un peu surpris d'entendre un bon gros son de batterie bien lourd, avec un batteur déchaîné, qui lance la danse, seul, bientôt rejoint par les guitares, et finalement le chant. Des basses, des caisses, de la voix... putain, je commence à avoir envie de bouger pour de bon ! Ils terminent leur morceau, et Thomas Mars, chanteur, nous lance un "salut ! content d'être avec vous les amis !", ou quelque chose du genre... le ton est donné : les français reviennent en France ! Pendant tout le concert, il nous remerciera ainsi une petite dizaine de fois d'être venus les voir... ils ont pas chopés la grosse tête, et rien que pour ça, je leur tire ma révérence de chapeau bas (si, ça existe, bordel).

Et puis vient le tant désiré Long Distance Call... on aura pas la version diffusée sur les ondes, mais celle de l'album, un peu moins bonne je trouve... m'enfin, on commence vraiment à bouger... sauf que là encore, le public craint. Composé de groupies, de pseudo-bourgeois, on a juste une masse informe qui se déplace lentement... peu importe, rien à foutre, BWAAAH, on est une dizaine dans toute la salle à bouger vraiment, écrasant des pieds, défoncant des coudes... je m'écrase même le menton sur l'épaule de ma voisine de droite qui, totalement paniquée, poufiasse qu'elle est, se casse discrètement à côté de sa copine. Géant ! Et puis le concert se poursuit, avec un groupe vraiment charismatique, qui maîtrise la scène... effets de lumières, on saute, noir, on saute, cri, on saute... c'est vraiment pas à ça que je m'attendais, et tant mieux !

Ils poursuivent avec Rally, Consolation Prizes et également North, morceau uniquement instrumental, voyage mélancolique, là aussi, une petite pause, un petit temps d'arrêt... un rêve. M'enfin, mais où est Second to None, bordel? Dans mon cul, apparemment, puisque qu'après seulement une heure et demi environ, Thomas nous remercie une dernière fois, et ils s'éclipsent discrètement... c'est tout ? Pas moyen, le public se met à applaudir, siffler, scandant leur nom. Et puis, on voit un des guitaristes et le chanteur qui reviennent... ils enchaînent deux morceaux (que je connais pas, merde alors) en duo, et puis Thomas nous lance "si vous voulez que le reste revienne, criez plus fort".



Je vous laisse imaginer le carnage. Bref, le groupe revient, et recommence à jouer, un morceau, et puis... "cette chanson est la dernière... elle s'appelle Second to None"... on entendra un seul blaireau crier alors "ouaaais", "bwaaah", ou encore "the High Jolt, connard !". Je vous dis même pas qui. Ils partent dessus et on finit de se défoncer. Et puis, ils enchaînent sur un autre riff, un autre morceau... le chanteur passe par dessus les rambardes de sécurité et descend dans le public.

Public qui ne comprend rien, ce qui nous laisse le temps d'avancer jusqu'à Thomas, une tape sur l'épaule, et on reste à ses côtés... il se baisse, disparaît dans la foule, remonte, puis arrête de chanter... et il commence à sauter, entraînant la salle toute entière avec lui pendant les 30 dernières secondes du concert ! ENFIN, ça bouge ! L'extase, le kiff, le pied, tout ça... par contre, je crois bien avoir foutu ma main dans le pantalon d'une fille sans faire exprès ; si elle passe par ici, qu'elle m'en excuse. Si, c'était involontaire !

Et puis tout s'arrête, et ils s'en vont. Fin. Vraiment, excellent, une musique qui tient la route, des gars proches du public... le genre de groupe qu'on retourne voir le plus possible ! A quand un nouveau passage en France, hm ?


Les enfants,
le 30 novembre prochain,
je vous parlerai de Dionysos.
En attendant, soyez sages et apprenez bien vos leçons.

PS : mention spéciale à la nana à ma droite, groupie de première, toute gênée, flippant d'être décoiffée, et puis toute folle quand "sa" chanson arrive... mort de rire... qui plus est lorsqu'elle est allée se plaindre de moi à sa copine. J'adore. Ah, et idem pour un père de famille qui, marchant devant nous quand on sortait, s'est plaint des gens qui "bougeaient"... bon, on les invite au concert de Dionysos, histoire de "bouger" un peu, hmm ?

mercredi 18 octobre 2006

Doucement, très doucement, toujours très doucement...

Bon, aujourd'hui je fais tourner un truc que j'avais écris à l'occasion de Noël 2005, certains l'auront peut-être déjà lu, d'autres non, m'enfin. N'hésitez pas à laisser vos avis, parce que je me sens seul par ici. Quitte à parler pour soi, autant le faire pour les autres... c'est une façon détournée de vous faire le "lhaschaient dhaient kaument laul" blogique, que je déteste lire... putain, si je devais être un schtroumpf, je serai un mélange de schtroumpf grognon et de schtroumpf à lunettes.

A part ça, j'ai édité le message précédent, j'y ai mis une vidéo de grimpe, jetez un oeil. Et aujourd'hui, j'ai vu Renaissance, sorte de polar tournée en motion capture : une sorte de principe utilisé dans Le Seigneur des Anneaux, notamment pour créer Gollum. En fait, plusieurs capteurs de lumière sont posés sur les acteurs, ce qui permet d'obtenir une structure squelletique sur ordinateur, autour de laquelle on brode des personnages, et des acteurs.
Le film est donc une prouesse technique, puisque là où les apparitions de Gollum sont de courte durée, Renaissance dure 1h30. Ca fait mal au cul. Il est assez bien réalisé, et est un peu un mélange de film des années 80 (notamment pour ce qui est musical, je trouve), de film d'animation, surtout pour le dessin, évidemment, et également de roman d'anticipation.

Ouaip, parce qu'en fait, l'histoire se passe dans le Paris de 2054. Je ne vous raconte pas le scénario, plus ou moins classique pour un polar, mais quand même assez intriguant, mystérieux, sombre quoi... avec une fin qui change un peu des Happy Ends. Vala. Quelqu'un a entendu parler d'Immortel, un film d'animation, ou l'a vu, par la même occasion ? Il me branche assez, j'aimerai savoir ce qu'il vaut. Bon, je vous file tout ça et je bouge. Soyez sages.


****************************************

Demi-pause

La neige tombe doucement, très doucement, toujours très doucement, en formant des spirales, ou des vagues imaginaires ; puis elle atteint la cime des arbres, le sol déjà blanc, et le temps semble s'arrêter, gelé dans cette atmosphère étrange mais reposante.

J'ouvre lentement les yeux, un flocon se pose sur mon oeil gauche ; je le referme, puis je cligne des yeux, et les ouvre de nouveau. Le fait que j'ai l'impression que mille aiguilles me transpercent le dos, la nuque, et tous mes membres me fait comprendre que je suis allongé sur la neige. Les bras et les jambes écartés, je suis comme un enfant recueilli par sa mère. Mais la mère a froid, alors je me lève doucement, très doucement, toujours très doucement. La neige gelée me retient, mais je préfère me lever. Une fois debout, la première question qui me vient à l'esprit est de savoir où je me trouve. Je me souviens vaguement d'une sortie dans la ville blanche, lumineuse et agitée ; du bruit, de la foule, de la nuit et de la neige. Mais la suite m'est inconnue, ou plutôt ne me revient pas en mémoire. Je relève la tête, et fais un tour sur moi-même doucement, très doucement, toujours très doucement. Le paysage est figé dans sa pureté, et partout je ne vois que du blanc : le ciel m'est caché par ces lourds flocons qui tombent, autour de moi ne s'étend qu'une plaine, sur laquelle dominent fièrement quelques arbres, et le sol est immaculé à perte de vue. A moins que... j'aperçois au loin, derrière ce voile de neige, j'aperçois une forme noire, immobile. Je n'ai pas vraiment envie de rester là, alors j'avance, doucement, très doucement, toujours très doucement.

La neige tombe toujours, et j'avoue que je commence à m'inquiéter. Il n'y a aucun signe, aucune trace d'une quelconque habitation, ou d'une forme de vie, aucun oiseau dans le ciel, aucun mouvement autre que la chute de la neige, autre que mon corps qui avance vers ce qui ressemble de plus en plus à une construction humaine, de trois mètres de haut sur deux mètres de large environ. C'est une plaque de marbre noire, entièrement noire, à l'exception d'un cercle de marbre blanc, d'un diamètre d'environ cinquante centimètres. Il y a deux aiguilles dessus, immobiles, figées vers le ciel. Je respire doucement, et m'apprête à poser la main sur la plaque. Mais quelque chose me retient, je remarque un détail. La neige fond instantanément en touchant le marbre. Les gouttes coulent doucement, très doucement, le long de la pierre, touchent le sol, et gèlent instantanément. Il doit faire froid. Pourquoi n'ai-je pas froid? Je ne me pose pas la question plus longtemps, et je commence à faire le tour de la structure qui me domine de toute sa grandeur, comme un souverain que rien ne peut atteindre, même pas la nature, armée de ses flocons. Je baisse les yeux, et je remarque que je ne porte pas de chaussures, ni de chaussettes. Mes pieds sont nus dans la neige, mais je n'ai pas froid. Que se passe-t-il? Où sont passés les quartiers illuminés, les passants pressés et joyeux, les agressions, les meurtres et ma raison? Je dois rêver. Oui, je rêve probablement. Mais c'est toujours ce que l'on se dit quand... comment définir cela? Quand on se retrouve dans un endroit inconnu, et qu'on pense pendant un moment que tout cela n'est pas normal, qu'il y a intervention de forces qui nous dépassent. Pendant un moment... quelques secondes... c'est trop long, ce n'est plus un hasard.

Je me retrouve au dos de la structure, et je lève les yeux. Je recule brusquement, je trébuche, et je m'étale doucement dans le voile neigeux. Je pleure, et mes larmes gèlent en touchant le sol. Je me relève, sans pouvoir contrôler mes pleurs. Pourquoi n'ai-je pas peur? Pourquoi suis-je si calme? Mon corps est effrayé, mais ma raison semble déjà avoir tout compris, et tout accepté.

Car, dans le marbre, c'est mon nom qui est gravé, en grosses lettres blanches.

Je fais à nouveau le tour de la plaque, et j'aperçois l'horloge. Je m'en approche doucement, très doucement, toujours très doucement. Je me rappelle de tout, la promenade dans la ville, les mannequins de père Noël attaquant les maisons, la neige qui craque sous mes pieds ; je lève doucement ma main vers les aiguilles qui viennent de repartir ; puis l'achat de mes cadeaux, la sortie du magasin, le don fait à une association quelconque ; doucement, très doucement, toujours très doucement, je touche l'horloge ; et la voiture qui me renverse violemment. Il y a un choc.

La neige tombe doucement, très doucement, toujours très doucement en formant des spirales, ou des vagues imaginaires ; puis elle atteint le toit des immeubles, le sol déjà blanc, mais le temps ne s'arrête pas.

J'ouvre les yeux. Je ne sens ni mon dos, ni ma nuque, ni mes jambes, ni mes bras. Le choc a été rude, et je suis allongé sur la route, dans la neige. Le ciel est noir, des étoiles brillent malgré la lumière de la ville. Des passant s'approchent. Je vois un homme déguisé en père Noël penché sur mon corps qui me parle, et un autre debout, les yeux pleins de larmes, une clé dans la main. Le brouhaha me surprend, je préfère le silence de la plaine. On arrache mon pull, on ouvre ma chemise. Je suis nu face à l'armée de flocons. Ils se posent doucement sur mon torse, mais ne fondent pas. J'ai froid. Enfin, j'ai froid. Le bruit commence à s'estomper, ma raison ne me laisse pas encore, minuit sonne au clocher, les illuminations brillent toujours, les grands magasins m'entourent et m'éclairent, les gens me regardent, j'ai envie de retrouver la pureté de la plaine, je n'entends plus rien, je n'ai plus froid, tout devient flou, je vois la neige qui tombe doucement, très doucement, je ferme les yeux.

Toujours très doucement.

dimanche 15 octobre 2006

Plus haut ?

Bon, après vous avoir parlé de tout, de rien, de la Belgique, de rien, de sujets pseudo-philosophiques, de rien, je voudrai vous parler un peu d'un des loisirs qui me prend le plus de temps, la grimpette, ou escalade, pour les non-initiés (ou encore alpinisme, mais là c'est vraiment se compliquer la vie, mais peut-être que ça fait plaisir à certains, m'enfin), et cette phrase est longue et vraiment stylée. Prout.

J'ai pas envie de faire mon branleur en vous en parlant comme si c'était mon sport à moi, dans lequel je suis le meilleur, et tout ça. Donc je vous en parlerai seulement comme du sport dans lequel on s'éclate le plus ; en gros si vous voulez des informations sur tout ce qui est cotations, niveaux, réglements, concours de chat-bites, vous allez sur le site de la FFME. Sinon, tant pis. Donc, pour en revenir au sujet, hm, vous pouvez oublier vos championnats de foot à la cons, vos matches pleins de hooligans, vos compétitions qui cassent le cul : la grimpe, c'est juste de la pure éclate, des délires entre potes, des squats, des compétitions-que-même-qu'on-s'en-fout-de-gagner. Le trip.


(ci-dessus, compèt' à What's Up, tous en admiration
devant un type qui devait sortir une voie bidon,
comme quoi avec l'escalade on s'éclate, hein)

J'avais quelques vidéos, mais apparemment elles sont sur un autre PC, je vous les ressortirai à l'occaze, si ça en branche certains... je vais faire pêter mon FTP sinon.
____________

18/10/06 : j'ai retrouvé une vidéo de David, grimpeur aujourd'hui parti bosser en tant que guide de montagne qui essaie de sortir une 6b/6c (qu'il a quand même finie, bien vu). C'est ici.
____________

A part ça, l'escalade se pratique entre potes ; j'ai quelques photos sous la main, j'en présente vite fait quelques uns :





Kamel, gentil garçon. Meilleur grimpeur du club ?








Saïd, gentil garçon aussi. Meilleur chat-bitteur du club ?






... et, euh, en fait, j'ai que ces deux photos. Merde, j'ai l'air con là. Bon, tant pis, j'en rajouterai d'autres plus tard. Les autres, je vous aime. Voilà, ça c'est fait, donc... ah, ben c'est tout.

Bonne soirée les enfants,
et n'oubliez pas que dans la vie,
il faut toujours être sage et écouter la maîtresse.


PS : faudra vraiment que je pense à faire des trucs plus constructifs. Bon, j'éditerai cet article quand j'aurai de quoi le faire, repassez dessus de temps en temps, hm. Et sinon, modification du thème de la page : Compo 141006, un truc au piano que j'ai fait hier, j'ai eu une pulsion, comme ça, voilà. Et comme j'ai besoin d'avis, les autres sont bienvenus, alors profitez-en. Sinon, petite phrase qui m'est revenue en tête il y a quelques jours et dont la provenance reste inconnu : "va crever en enfer avec les démons qui t'ont engendrés". Oui, ceci est hors-sujet... c'est un post-scriptum, après tout.

lundi 9 octobre 2006

Philosophie de comptoir

L'évolution de certains faits est assez étrange ; il y parfois des choses qui paraissent irréalisables, chimères... mais tout change, et nos rêves, nos idéaux, nos souhaits peuvent parfois devenir réalité.

Ouais, je sais, c'est tout con, mais c'est comme ça, et même moi qui aurait tendance à le nier, ben je suis bien obligé de l'admettre ; le changement, des fois, c'est cool. Je sais pas si on peut parler de modifications importantes, mais je sais en tout cas qu'un changement n'est jamais un évènement à prendre à la légère, tout comme il n'est jamais vain.

Je ne sais pas si je déteste le changement. Après tout, glander dans sa petite bulle, c'est vraiment le pied... quitte à laisser passer tant de choses ? Mouais. Bouger son cul, parfois, c'est mieux. Souvent. Prendre le train à temps, rattraper son passé, tant de choses qu'on laisse de côté, et qu'on regrette parfois.

Si la vie n'est qu'un voyage, autant marcher un peu, et voir plusieurs horizons, au lieu de rester assis à contempler les mêmes montagnes ; autant se lever, faire quelques pas, et voir, découvrir, tout ce bordel. Et la théorie du développement, de la naissance de l'Homme, se fonde bien sur le changement. J'ai besoin de voir la route, mais de ne pas laisser derrière moi ces paysages devant lesquels je suis resté longtemps, j'ai besoin de bouger un peu, de voir ce qu'il y a ailleurs... et puis je reviendrai.

C'est marrant, on dirait une annonce de suicide. Ca va encore être un coup de pub pour TF1 et la base d'une putain de controverse, tout ça. Ouais, enfin, faudrait encore que je crève. C'est pas gagné.

Morale : les enfants, il faut dormir la nuit

PS : euh... non, juste parce que j'aime bien faire des post-scriptum. Ca tue.

lundi 2 octobre 2006

Un peu plus au nord...

Alors que l'Union Européenne se modernise, et que nous sommes aux portes d'un futur prometteur, aux allures de Guerres Mondiales et de champignons atomiques, il y a un pays qui attire mon attention, justement par la sauvegarde de ses valeurs - authentiques - et son savoir-vivre qui mérite le plus grand des respects.

Ce pays, c'est la Belgique. Yep, yep, yep, le pays de la frite, de la bière, et de l'accent qu'on aime tant, une fois. Ouais, et moi j'adore ça, les frites. Surtout avec de la sauce au poivre. Enfin, bref.

Il s'avère qu'au cours de mes nombreuses pérégrinations, je me suis rendu plusieurs fois là-bas ; ce qui est un peu normal puisque j'habite à quelques kilomètres de la frontière. Et il y a plusieurs éléments intriguants dont j'aimerai vous faire part.


1. La nourriture belge :

Il semblerait, selon certaines études récentes, que les belges aient une alimentation différente de la nôtre. En effet, là où nous consommons des plats tout à faits sains et normaux (foie, langue de boeuf, cuisses de grenouille, etc.), eux s'intéressent plus aux frites, aux hamburgers, aux carbonades, au pickles, et à la bière, comme le prouve cette série d'images :









... euh, non, ça c'est la quiche de Grégoire, je fais n'importe quoi moi.



Enfin bref, la nourriture belge, nous on aime ça :




(là je suis content)






2. Les patronymes belges :

Une autre particularité belge qui est assez surprenante concerne les patronymes et plus généralement les noms belges, à l'image de ceux donnés au rue (Vanderszpaetenstraat, Patatzstraat, par exemple), ou encore de certains noms d'entreprises, tirés probablement de patronymes de grands directeur :



(remarquez la pose de péripat' de notre ami Grégoire, apparemment à la recherche d'une frite pour passer la nuit)





3. La faune belge :

En effet, loin des gentils petits moutons et autres panthères en rut qu'on peut trouver dans les magnifiques campagnes de France, la Belgique abrite de nombreuses espèce d'animaux, aux allures étranges et fantastiques (pas dans le sens "woow", dans le sens "brr", quoi). Eh oui. Faisons ensemble un rapide tour d'horizon de ce zoo diabolique :



Ici, un spécimen de... d'éléphant en bois (non, vous ne rêvez pas), que j'ai réussi à apprivoiser au prix de nombreux efforts. Il est gentil, je l'ai appelé Stanislas.






Ci-contre, un spécimen de Stanislas en plus petit. Il s'appelle Stanislas Junior, et se fait ici dompter par un Grégoire en folie. Si, si.





Voici enfin, suite à une chasse longue de plusieurs mois, une photo du célèbre canard à crête, plus communément appelé le canarus crêtus, espèce en voie de disparition, qui a pour habitude de disparaître. Ca tue.






Et voici ma soeur.






4. Les effets nocifs d'un trop long séjour belge :

Plusieurs études scientifiques ont en effet prouvé qu'un trop long contact avec un environnement belge pouvait avoir des conséquences néfastes sur le plan physique mais aussi psychique. Certains troubles du comportements (défaillance mentale, schyzophrénie, délirium tremens belgus) et modifications physique (estomac recouvert d'une substance supportant de fortes doses de pickles, développement du ventre, etc.) peuvent avoir, à long terme, des conséquences mortelles, ou pire, mener à une transformation totale en belge. Voici quelques photos qui prouvent ces dires (ces images peuvent choquer les plus sensibles):





Grégoire, 17 ans, a attrapé le syndrôme dit de la trisomie belge (belgus 21), voyant des frites partout, et surtout là où il n'y en a pas (12 heures d'exposition).







Paul, 17 ans, a contracté le syndrôme dit du je suis assis sur un monument aux morts et je suis content (monumentus contentus), et est content (12 heures d'exposition).




Grégoire et Paul, 17 ans toujours, ont contracté la maladie du sable (sandus communius), qui consiste en une communion complète avec le sable belge les nuits de pleine lune (18 heures d'exposition).







Photo particulièrement choquante, nous montrant ici un cas très rare de maladie dite de la personnification (tobius or not tobius), qui s'extériorise par le fait d'écrire son prénom à l'aide de substances corporelles, et d'être content (48 heures d'exposition).






Ci-contre un cas de schyzophrénie avancée (schyzophrénius avancius), le sujet se prenant pour un taliban en reconquête d'une Belgique laissée aux mains des flamands (65 heures d'exposition).





Après 7 jours d'exposition totale, nos deux sujets ont totalement sombré dans la folie, avec la manifestation d'une forme terminale de delirium tremens belgus (euh... delirium tremens belgus), qui conduit irrémédiablement à une transformation en belge.
Images choquantes, j'en conviens.



***************************
Nous voici arrivés à la fin de cet exposé sur cet ovni européen qu'est la Belgique. J'espère que dorénavant, vous saurez à quoi vous attendre en franchissant la frontière qui vous sépare de ces terres où la frite et la bière sont reines... par contre, je peux vous affirmer que des vacances là-bas, avec un pote, deux grattes, et de quoi s'amuser un peu... ben ça tue.

"Frite un jour, frite toujours."
Papy Cossement

PS : amis belges, je vous aime.

vendredi 22 septembre 2006

Des mots, des mots, encore des mots... et puis des phrases.


Mouais. J'aime bien écrire. Je n'ai aucune idée d'où ça peut venir, et en réalité le seul fait que cela me plaise me satisfait. Je ne prétend pas avoir du talent, j'aime juste mettre mes pensées sur papier, mes idées, mes rêves. Alors ne soyez pas étonnés si, dans le coin, vous tombez parfois sur un écrit... une nouvelle, un essai, n'importe quoi. D'ailleurs, ceci aussi est un écrit. Damn. Fuck it. Bon, il y a un texte que j'ai écrit il y a quelques mois qui colle bien à l'ambiance de ce blog, du moins pour l'instant. Le voici :


La Lande

Fait étrange que j'ai découvert aujourd'hui : les Hommes recherchent tous la considération, l'amour d'autrui ; cela pourrait paraître évident à bon nombre de gens, et peut-être même à tous, mais il est de mon devoir de préciser qu'il y a un temps où cela n'était pas.


Il y avait un temps où les Hommes vivaient solitaires, n'obéissant qu'à leurs choix personnels, leurs goûts et leurs opinions. On aurait pu se demander comment ils survivaient, seuls, dans un univers impitoyable comme celui que nous connaissons. La réalité est qu'il y avait pas d'univers impitoyable ; juste une surface mauve, infinie, plate, morne sans défauts - même microscopiques - et un ciel de la même couleur, remué par quelques effluves noires nées d'on ne savait où. Les Hommes ne se connaissaient pas, et ne se voyaient pas. Les Hommes pensaient être le dernier sur ce qu'ils appelaient la Lande. Ils parcouraient le monde en quête de réponses, sans avoir de questions, et vivaient au jour le jour, prévoyant juste leurs autres interrogations futures. Il se nourrissaient de plantes qui poussaient à différents endroits de la Lande ; totalement diaphanes - diaphanes car éclairées par un soleil rond et jaunâtre caché au loin au-dessus de cette atmosphère oppressante -, totalement diaphanes donc, et dont l'extrêmité, appelée le Globe en raison de sa forme, contenait les apports énergetiques nécessaires à l'Homme - c'est-à-dire 2500 kilocalories, ni plus, ni moins. On aurait pu se demander comment tous les Hommes "savaient" que cette fleur s'appelait le Globe et que leur terre répondait au nom de la Lande... en vérité, nul ne le savait, mais tout le monde le disait.
Les conditions de naissance des Promis (c'était le nom qu'ils se donnaient) étaient assez banales, mais également mystérieuses. Il se réveillait, d'un sommeil infini, les yeux protégés par des lunettes de couleur mauve, aux branches recouvrant totalement les oreilles, adoptant exactement leur forme, embrassant les canyons, les vallons, les failles, le lobe, et l'infinie chute vers le tympan. Ils se réveillaient donc dans un silence de plomb et une vue nulle - si ce n'est une couleur mauve -, dans un environnement totalement clos. Puis, ils se levaient doucement, sentant leurs membres, se découvrant de nouvelles applications, bougant la tête à gauche, à droite, vers le ciel, puis faisant deux pas en avant, trois en arrière, sautillant, comptant leurs doigts. Enfin, ils sentaient que ce qui se trouvait sur leur visage n'était pas naturel, et tentaient désespérement de faire disparaître cet écran violet, en secouant la tête, ou en frappant sur les verres à coup de paume ou de bras. Au fil du temps, ils commençaient à comprendre à quoi servait les doigts ; et au final, les plus doués se débarrassaient de leur paire de lunettes en moins de 5 heures, paire de lunette qui disparaissait au moment où elle touchait la Lande, absorbée par cette dernière. Le plus étrange dans cette naissance était sans nul doute le fait que les Promis avait déjà quelque notion du langage, même s'il ne ressemblait en rien au notre, et parvenaient à réfléchir en fonction du monde qui les entourait. Ils avaient, excepté la connaissance de leur corps, à peu près la même vision des faits qu'un adulte d'une trentaine d'années, à l'exception faite qu'ils étaient dans un endroit dont ils ne savaient que le nom - la Lande - et que leur conception de toutes les données pré-citées étaient largement différente de la notre. L'âge également, puisque cette notion n'était pas intégré dans leur façon de raisonner.



Cet ordre parfait se perpétuait indubitablement, durant depuis des âges immémoriaux. Pourquoi tous ces gens ne se rencontraient-ils jamais ? Nul ne le savait, probablement parce qu'ils ne laissaient jamais de traces derrière eux, la Lande absorbant tout ce qui était nécessaire, contenant en elle mille et un secret. Jusqu'au jour où un Promis - répondant au nom de Plexus 148 ; nom dont il ne connaissait pas l'origine, mais qui était sien - sorti du concept pré-établi, et eu soudainement l'envie d'écraser un Globe. Pourtant, il savait pertinemment qu'aller à l'encontre du courant n'était guère une bonne chose ; ainsi, au moment où son pied s'écrasa sur la fleur, sur ses pétales, et sa tige fragile, son pied pénétra au travers de la Lande, et il disparu tout entier. Il ne réapparut jamais à la surface, et à vrai dire cela n'inquiétait personne, car chacun vaquait à ses occupations - c'est-à-dire se questionner.
Cependant, cette disparition avait entraîné un changement soudain et intriguant. Le ciel, auparavant composé des couleurs mauves et noires, se transforma subitement en toile de rouge et de jaune ; le sol de la Lande sembla se courber, et le mauve devint violet, certains trous se créérent, et des collines naquirent. Les Globes devinrent plus grands, opaques, et leur couleur se rapprocha doucement d'un vert pomme. Ce changement brutal sema le trouble dans tous les esprits : les Promis se questionnèrent plus encore, remettant en cause ces couleurs, se demandant d'où venaient toutes ces choses. Au fur et à mesure qu'ils marchaient, ils sentaient la fatigue venir, et les Globes ne parvenaient plus à combler leurs manques ; les vallées créées les inquiétaient, et ils préfèraient sans nul doute la plaine à cette totale démesure dans le concret.
Mais, peu à peu, ils oublièrent leurs suspicions, et quelque moments plus tard, la norme était au ciel jaune et rouge, à la Lande violette, et au globes de taille 6 - la taille 6 étant la 3ème des 10 tailles concues par l'esprit des Promis. Ils recommencèrent à se poser leurs habituelles questions, errant comme pour atteindre le bout de la Lande - le bout du monde, peut-être, s'il y avait eu la conception d'un monde -, combattant la fatigue comme ils le pouvaient.


Néanmoins, alors qu'il avalait un pétale de Globe, Bois AX se demanda comment avait eu lieu sa naissance. D'où venait-il ? Quelles étaient ses origines ? Il se mit alors en quête de répondre à cette question, et marcha, plusieurs Temps - unité des Promis - jusqu'à ce qu'il se pose une question qui n'avait pas de sens : qui était à son origine ? Alors que tous les Promis naissaient seuls, lui se demanda s'il n'y avait pas quelqu'un qui était la cause de sa Conséquence. Il s'assit sur la Lande, au sommet d'une colline, et contempla l'horizon, morne. Il voulait donner un nom à son idée ; mais, posant la main sur la Lande, son corps disparu tout entier au travers, et ne réapparut pas. Il y eut alors un grand tremblement, et l'ordre des choses fut à nouveau chamboulé ; dans la Lande, de grandes failles s'ouvrirent, engloutissant les globes ; les montagnes devinrent plus grandes et les creux plus profonds, le ciel, dans une explosion de paillettes, adopta la couleur uniforme du marron ; et les Globes devinrent phénoménaux, et se muèrent en une myriade de couleurs : la tige devint bleue, et les pétales rouges, et le fruit en lui-même vira au gris. Partout sur la Lande, les Promis se questionnaient par rapport à ces grandes failles, et s'asseyaient sur leurs bords, scrutant irrévocablement le fond, noir et sombre. Ils souhaitaient tous savoir ce qu'il y avait au fond. Ils souhaitaient tous savoir ce qu'ils ne connaissaient pas. Leurs questions habituelles ne les satisfaisaient plus, et ils voulaient connaître cet inconnu, l'apprivoiser. Non pas qu'ils en aient eu peur ; mais le désir de tout contrôler était ancré en eux comme un Globe à sa tige, et ils ne supportaient pas cette infinité qu'ils ne maîtrisaient pas. Tous, ils s'assirent sur le bord des crevasse, battant allégrement des jambes, la tête pendante, les yeux fixés vers le bas. Mais leur besoin quotidien de nourriture les forçait à se déplacer continuellement pour chercher de nouveaux Globes, les empêchant par la-même de comprendre ce phénomène. Ils se mirent alors à faire ce qu'ils appelèrent des Galaxies ; ils cueillirent plusieurs Globes à la fois, et les posèrent à côté d'eux, ce qui leur permettait d'en manger à leur guise ; le geste, jusqu'alors nécessité, devint peu à peu plaisir, comblant l'ennui de la monotonie. D'autres Promis, vite lassés, finirent par s'amuser à sauter au-dessus des plus petites des crevasses, ou à se suspendre au bord, à un ou deux bras, faisant le pont entre les deux rives. Leur morphologie, jusqu'alors assez simple, fine et droite, se développa subitement : certains virent leur ventre croître, d'autres leur bras, d'autres leurs jambes... et ce changement les inquiéta, car de toute leur vie ils n'avaient jamais vu pareille chose. Ils se mirent à caresser doucement ces excroissances intriguantes, les posant sur leurs oreilles quand ils le pouvaient, cherchant à capter un quelconque signe... signe de quoi ? Qu'importe, ils attendaient juste un signe, quelque chose qui leur permettrait d'apporter du renouveau à leur vie.

Au moment précis où cette idée naquit dans l'esprit de Morale 7, un éclair gigantesque zébra le ciel et vint frapper la Lande. Un trou béant se créa, plus profond que les failles infinies qui étaient nées jusqu'alors. Mais cela ne s'arrêta pas là : du cratère partirent maintes et maintes nouvelles failles, plus larges, sécantes, isolant ainsi certains blocs de Lande. Le sol devint peu à peu gris métallisé, et le ciel s'approcha du bleu marine. Mais le plus inquiétant, c'est que le sol devint friable, et que malgré tout, les Globes poussèrent plus nombreux et plus grands encore, tandis que de véritables montagnes voyaient le jour.
Les Promis furent intéressés par ces changements, puis déçus, puis ils crurent à une nouvelle ère. Ils pensaient exactement en même temps, réglés sur le même Temps. Certains se retrouvèrent dans l'incapacité de s'évader, prisonniers sur une parcelle de Lande de 3,67 Tailles carrées parfois, alors que d'autres virent leurs Galaxies disparaître au fond des abîmes. Le calme revint peu à peu, et les Promis s'habituèrent à ce nouveau cadre de vie.
Jusqu'au jour où l'un d'entre eux, A+ 5, trébuchant sur un Globe, s'étala de tout son long sur la Lande, et son visage heurta le sol - heureusement mou. Il s'enfonca légèrement, et, se relevant, il fixa sa trace en se demandant ce qu'il y avait au-dessous. Que renfermait cette Lande ? Il s'approcha d'une faille proche, baissa les yeux vers le fond, pris une profonde inspiration - probablement due à cette question - et sauta.

A cet instant précis, un autre Promis, Potassium, dans ses élucubrations, se rendit compte qu'il n'aimait pas son prénom, et que d'ailleurs il n'aimait pas non plus la couleur de ce monde, ses creux, ses montagnes, ses failles et ses Globes. Il voulait changer la Lande. Il décida d'apporter sa touche personnelle à cet univers, en fabriquant, à l'aide de la terre friable de la Lande, une forme qu'il appelerait Perfection, parce que chacun de ses côtés faisait la même taille. Il se mit à l'oeuvre Puis, le mouvement s'enchaîna rapidement : Symbiose décida de créer une nouvelle unité de compte, qu'il appelerait Farandole, parce que les Tailles ne lui permettaient pas de compter le nombre de Globes qui composaient ses Galaxies ; Prophane décida que son apparence laissait à désirer, et se demanda d'où venait ce changement ; Ere souhaita créer quelque chose qui paraisse magnifique à ses yeux ; elle ramassa plusieurs Globes et les disposa en cercle, et jugea que cela correspondait à la beauté.

Chaque Promis, quel qu'il soit, ne se conduisait plus comme avant, et chacun créait, inventait, nommait de nouvelles choses, pensait, agissait, vivait différemment. Alors, dans une explosion gigantesque, la Lande implosa, propulsant des débris en tout endroit. Le ciel se fissura subitement, et des flots mauves jaillirent de cette zébrure. Tout s'éteignit dans le blanc et la lumière, et peu à peu des dizaines, des centaines, des milliers, des millions, des milliards de chuchotements se firent entendre dans la toile blanche qui s'était fixée. C'était les voix de tous les Promis, qui énonçaient leur nom ; on entendait Plexus, Bois, Morale, A+5, Potassium, Symbiose, Prophane, Ere, et chacun murmurait doucement son nom, dans un calme et une compréhension parfaite malgré le bruit. Et le silence revint ; et le blanc devint noir.

Il y eut une fin.


Puis j'ouvris les yeux. Au- dessus de ma tête, j'aperçus vaguement un mur blanc, formé de plusieurs dalles. Un goût étrange dans la bouche. Je sentais qu'on me touchait. "On" ? Qui cela ? Cela me troubla, car je ne voyais rien, excepté ces dalles blanches. Je me mis à ressentir une sensation étrange montant en moi, et quelque chose coula le long de mes yeux. Je me mis à crier, et quelque chose sortit de ma bouche. Un long bruit, interrompu uniquement par mes respirations. Puis on déplaça mon chant de vision, et j'aperçus quelque chose. C'était grand, et de couleur étrange, et au but inconnu, et je sentais que cela me fixait. Et, dans un sursaut, je vis que cela avait une ressemblance avec moi, puis même plusieurs. Nous possédions des choses en commun. Je vis ses traits, et je les sentis alors en moi, me voyant en lui. Je restais quelques minutes dans cette position, et j'eu l'impression qu'un geste de sympathie m'était destiné. Je le rendis, sans réellement comprendre comment, ni pourquoi. Puis à nouveau le mouvement. Je sentai que la Lande disparaissait, que tout ce qu'elle avait été subsistait encore, mais que tout devenait flou, sombre, et étrange. Le sens de cela m'échappait. J'eus le sentiment que tout s'enfouissait au plus profond de moi, doucement, et s'y terrait, restant là, commandant mes pensées, attendant que je revienne à sa rencontre. Puis j'oubliai la Lande, et je fermai les yeux.

...

...

...

J'étais né, et mon subconscient avait trouvé sa source dans ce monde disparu. Disparu ? Pas totalement ; il subsisterait en moi jusqu'à ce que mon enveloppe faillisse ; et alors je pourrai le retrouver, traversant à nouveau la Lande, avalant des Globes, perpétuellement questionné, tiraillé par ces interrogations auxquelles je ne souhaiterai pas de réponse, et tout sera comme cela doit l'être...

... jusqu'au prochain changement.