samedi 13 septembre 2008

Le Chat Noir (futur prix Goncourt - Renaudot - Peugeodot)


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La vie n'est faite de rien. Que de néant et d'illusions. Les passants qui s'acharnent sur les trottoirs ne sont que des ombres en mouvance. Comme un trop-plein de lumière ; une lumière aveuglante, une croyance inutile et des peurs devenues espoir.
L'homme est la seule espèce à ne pas en avoir conscience. Caché derrière ses livres, il étudie la pluralité des espèces, la pollution, le savoir-vivre et la torture. Il ne voit pas ce qui se passe, il ne lève pas la tête pour lire la reliure. Tous ses bouquins sont marqués d'une croix noire.

"J'avoue m'être levé ce matin d'humeur massacrante. Quand j'ai ouvert les yeux, je n'ai vu que les murs blancs de ma chambre, rendus gris par l'obscurité. Une faible lumière perçait à travers la petite vitre entrouverte. Le genre de petite vitre derrière laquelle, la nuit, se cache toujours un monstre à tête de cul, ou une vieille aux dents jaunis. Sans la pomme, parce que Blanche-Neige n'habite plus ici.
Bref ; forcé de me lever, j'enfile quelques fringues et descends au rez-de-chaussée. Bon, si je te fais chier tu me le dis, ok ?

- Hm hm.

- Nan, parce que si c'est pour que tu me fasses la gueule après, c'est pas la peine.

- Ouais, nan, c'est bon, vas-y, j'écoute.

- Bon. Ok. Donc, je descends... t'écoute, hein ! donc, je descends, et là je tombe sur mon chat, qui dort au milieu du couloir. Je sais pas ce qu'il foutait là, mais il m'a encore plus foutu le cafard. Il me regardait avec ses deux yeux à la con, un truc du genre "bonne journée, je dors jusqu'à ce soir. Ron ron."

- Je vois le truc.

- Me coupe pas s'il te plaît, c'est déjà assez soûlant comme ça.

- Je te coupe pas, je te dis que je suis d'accord bordel.

- Ca sert à rien de me parler comme ça, et puis si c'est pour taper une gueulante, c'est pas la peine.

- C'est jamais la peine avec toi ! Prends la peine de te la donner, la peine !

- ... de quoi tu parles ? Arrête de jouer avec les mots, te cache pas derrière tes trucs de prof de français, là !

- Ouais, t'es juste trop con pour comprendre.

- Comprendre quoi ? Que t'es lourd avec tes conneries ?

- Mes conneries, c'est les miennes, je fais ce que je veux avec. Et si tu me trouves lourd, t'as qu'à te foutre assez loin de moi pour pas participer à mes conneries.

- Très bien."

Il s'en va, et personne ne sait pourquoi. L'homme fuit, abandonne ; trépasse. Pauvre homme, pauvre petit homme perdu dans la brume infinie de l'inconscient et de l'irrationnel, plongé au coeur d'une spirale de mensonges et de vice, pauvre petit homme, pauvre, pauvre, pauvre encore petit homme ! ô, toi qui suivais les étoiles, caressais les moutons et jouais avec les dauphins ! tu erres dans les couloirs sombre de l'errance, tu crois en les peintures de la croyance, et tu marches dans les traces de la marchance ! ...
... qu'est-ce que je commences à déconner moi !

Bon, bref, la morale de cette histoire, c'est qu'un chat ne doit jamais dormir au milieu d'un couloir. Bonne nuit les enfants !

1 commentaire:

Anonyme a dit…

"bonne journée, je dors jusqu'à ce soir. Ron ron."

Le chat, je le kiffe.