mercredi 18 octobre 2006

Doucement, très doucement, toujours très doucement...

Bon, aujourd'hui je fais tourner un truc que j'avais écris à l'occasion de Noël 2005, certains l'auront peut-être déjà lu, d'autres non, m'enfin. N'hésitez pas à laisser vos avis, parce que je me sens seul par ici. Quitte à parler pour soi, autant le faire pour les autres... c'est une façon détournée de vous faire le "lhaschaient dhaient kaument laul" blogique, que je déteste lire... putain, si je devais être un schtroumpf, je serai un mélange de schtroumpf grognon et de schtroumpf à lunettes.

A part ça, j'ai édité le message précédent, j'y ai mis une vidéo de grimpe, jetez un oeil. Et aujourd'hui, j'ai vu Renaissance, sorte de polar tournée en motion capture : une sorte de principe utilisé dans Le Seigneur des Anneaux, notamment pour créer Gollum. En fait, plusieurs capteurs de lumière sont posés sur les acteurs, ce qui permet d'obtenir une structure squelletique sur ordinateur, autour de laquelle on brode des personnages, et des acteurs.
Le film est donc une prouesse technique, puisque là où les apparitions de Gollum sont de courte durée, Renaissance dure 1h30. Ca fait mal au cul. Il est assez bien réalisé, et est un peu un mélange de film des années 80 (notamment pour ce qui est musical, je trouve), de film d'animation, surtout pour le dessin, évidemment, et également de roman d'anticipation.

Ouaip, parce qu'en fait, l'histoire se passe dans le Paris de 2054. Je ne vous raconte pas le scénario, plus ou moins classique pour un polar, mais quand même assez intriguant, mystérieux, sombre quoi... avec une fin qui change un peu des Happy Ends. Vala. Quelqu'un a entendu parler d'Immortel, un film d'animation, ou l'a vu, par la même occasion ? Il me branche assez, j'aimerai savoir ce qu'il vaut. Bon, je vous file tout ça et je bouge. Soyez sages.


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Demi-pause

La neige tombe doucement, très doucement, toujours très doucement, en formant des spirales, ou des vagues imaginaires ; puis elle atteint la cime des arbres, le sol déjà blanc, et le temps semble s'arrêter, gelé dans cette atmosphère étrange mais reposante.

J'ouvre lentement les yeux, un flocon se pose sur mon oeil gauche ; je le referme, puis je cligne des yeux, et les ouvre de nouveau. Le fait que j'ai l'impression que mille aiguilles me transpercent le dos, la nuque, et tous mes membres me fait comprendre que je suis allongé sur la neige. Les bras et les jambes écartés, je suis comme un enfant recueilli par sa mère. Mais la mère a froid, alors je me lève doucement, très doucement, toujours très doucement. La neige gelée me retient, mais je préfère me lever. Une fois debout, la première question qui me vient à l'esprit est de savoir où je me trouve. Je me souviens vaguement d'une sortie dans la ville blanche, lumineuse et agitée ; du bruit, de la foule, de la nuit et de la neige. Mais la suite m'est inconnue, ou plutôt ne me revient pas en mémoire. Je relève la tête, et fais un tour sur moi-même doucement, très doucement, toujours très doucement. Le paysage est figé dans sa pureté, et partout je ne vois que du blanc : le ciel m'est caché par ces lourds flocons qui tombent, autour de moi ne s'étend qu'une plaine, sur laquelle dominent fièrement quelques arbres, et le sol est immaculé à perte de vue. A moins que... j'aperçois au loin, derrière ce voile de neige, j'aperçois une forme noire, immobile. Je n'ai pas vraiment envie de rester là, alors j'avance, doucement, très doucement, toujours très doucement.

La neige tombe toujours, et j'avoue que je commence à m'inquiéter. Il n'y a aucun signe, aucune trace d'une quelconque habitation, ou d'une forme de vie, aucun oiseau dans le ciel, aucun mouvement autre que la chute de la neige, autre que mon corps qui avance vers ce qui ressemble de plus en plus à une construction humaine, de trois mètres de haut sur deux mètres de large environ. C'est une plaque de marbre noire, entièrement noire, à l'exception d'un cercle de marbre blanc, d'un diamètre d'environ cinquante centimètres. Il y a deux aiguilles dessus, immobiles, figées vers le ciel. Je respire doucement, et m'apprête à poser la main sur la plaque. Mais quelque chose me retient, je remarque un détail. La neige fond instantanément en touchant le marbre. Les gouttes coulent doucement, très doucement, le long de la pierre, touchent le sol, et gèlent instantanément. Il doit faire froid. Pourquoi n'ai-je pas froid? Je ne me pose pas la question plus longtemps, et je commence à faire le tour de la structure qui me domine de toute sa grandeur, comme un souverain que rien ne peut atteindre, même pas la nature, armée de ses flocons. Je baisse les yeux, et je remarque que je ne porte pas de chaussures, ni de chaussettes. Mes pieds sont nus dans la neige, mais je n'ai pas froid. Que se passe-t-il? Où sont passés les quartiers illuminés, les passants pressés et joyeux, les agressions, les meurtres et ma raison? Je dois rêver. Oui, je rêve probablement. Mais c'est toujours ce que l'on se dit quand... comment définir cela? Quand on se retrouve dans un endroit inconnu, et qu'on pense pendant un moment que tout cela n'est pas normal, qu'il y a intervention de forces qui nous dépassent. Pendant un moment... quelques secondes... c'est trop long, ce n'est plus un hasard.

Je me retrouve au dos de la structure, et je lève les yeux. Je recule brusquement, je trébuche, et je m'étale doucement dans le voile neigeux. Je pleure, et mes larmes gèlent en touchant le sol. Je me relève, sans pouvoir contrôler mes pleurs. Pourquoi n'ai-je pas peur? Pourquoi suis-je si calme? Mon corps est effrayé, mais ma raison semble déjà avoir tout compris, et tout accepté.

Car, dans le marbre, c'est mon nom qui est gravé, en grosses lettres blanches.

Je fais à nouveau le tour de la plaque, et j'aperçois l'horloge. Je m'en approche doucement, très doucement, toujours très doucement. Je me rappelle de tout, la promenade dans la ville, les mannequins de père Noël attaquant les maisons, la neige qui craque sous mes pieds ; je lève doucement ma main vers les aiguilles qui viennent de repartir ; puis l'achat de mes cadeaux, la sortie du magasin, le don fait à une association quelconque ; doucement, très doucement, toujours très doucement, je touche l'horloge ; et la voiture qui me renverse violemment. Il y a un choc.

La neige tombe doucement, très doucement, toujours très doucement en formant des spirales, ou des vagues imaginaires ; puis elle atteint le toit des immeubles, le sol déjà blanc, mais le temps ne s'arrête pas.

J'ouvre les yeux. Je ne sens ni mon dos, ni ma nuque, ni mes jambes, ni mes bras. Le choc a été rude, et je suis allongé sur la route, dans la neige. Le ciel est noir, des étoiles brillent malgré la lumière de la ville. Des passant s'approchent. Je vois un homme déguisé en père Noël penché sur mon corps qui me parle, et un autre debout, les yeux pleins de larmes, une clé dans la main. Le brouhaha me surprend, je préfère le silence de la plaine. On arrache mon pull, on ouvre ma chemise. Je suis nu face à l'armée de flocons. Ils se posent doucement sur mon torse, mais ne fondent pas. J'ai froid. Enfin, j'ai froid. Le bruit commence à s'estomper, ma raison ne me laisse pas encore, minuit sonne au clocher, les illuminations brillent toujours, les grands magasins m'entourent et m'éclairent, les gens me regardent, j'ai envie de retrouver la pureté de la plaine, je n'entends plus rien, je n'ai plus froid, tout devient flou, je vois la neige qui tombe doucement, très doucement, je ferme les yeux.

Toujours très doucement.

2 commentaires:

Schatz a dit…

Très sympa ta compo141006, je repasserai volontiers te rendre une petite visite pour suivre ton inspiration...

Anonyme a dit…

J'ai bien aimé Renaissance, bien que j'ai trouvé ça un peu lent et long de temps en temps, la fin est excellente. Et le film techniquement est magnifique.

Immortel, je l'ai vu à la sortie.. ça fait une bout de temps, j'men souviens plus mais il me semble avoir trouvé ça assez pourris.


BWAAAAH