...
Les temps changent.
Les choses changent.
De là, je ne vois plus que le brouillard, qui masque les années, de l'autre côté. C'est un mur opaque ; rendu gris par le poids des jours, et par celui des regrets, des remords. A s'en vouloir pour tant de choses, on ne finit par plus jamais se pardonner, et alors on ne voit plus ce que l'on était, au début. Il y a le mur.
Malgré tout, en y repensant bien, il n'y a rien de réellement opaque ; il faut juste savoir démêler les travers du regard et des souvenirs, organiser la matière pour qu'elle redevienne diaphane. Se donner la chance, une dernière fois, d'embrasser les heures de jeunesse, et puis redevenir celui que l'on rêvait.
Faire de se mur non pas un vecteur d'inaccessibilité, mais plus un obstacle à enjamber, un passage à emprunter pour remonter le fil, retrouver le chemin. Des prises à connaître pour surmonter la hauteur. C'est bizarre, parce qu'alors, il n'y a plus de futur. Si mon père, avant moi, a été le seul à voir réellement les visages que je vois sur les photos, eux meurtris dans l'ouragan du temps ; alors c'est que, moi aussi, plus tard, je serai créditeur des vôtres, figés dans le temps pour mes enfants, et bien vivants pourtant, à mes yeux.
Alors, je surplombe le mur de l'avenir, et je le rends clair et lisible : je n'ai de cesse que de transmettre.
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