dimanche 4 décembre 2011

L'Homme est un loup pour lui-même

Il est 20h32.

La nuit est tombée depuis longtemps, trop longtemps en fait. Les réverbères allumés sont des repères étoilés là où le ciel ne fait qu'éclairer sans trop le vouloir.

Moi, je rêve, je pense aux songes et aux prières ; je me dis que le mysticisme a du bon.

Pourquoi, alors, vouloir détruire sa logique ? Son mode de pensée ? Pourquoi aller jusqu'à nier sa propre force, en croyant au non-dit ?

Je devrais faire simple, oui. Détendre chaque partie de mon corps et accepter d'être entier et plein. Savoir qu'il n'y a rien d'autre, ici, que l'écho des battements de mon coeur. Arrêter de douter de chaque mot, en se demandant s'il a bien le sens qui lui correspond. Arrêter de vouloir piller ma mémoire pour la ramener en devant.

Laissez couler les forces occultes qui traversent l'océan de l'esprit ; remontant le long de la berge, le soir, lorsque nous dormons.

Etre précis dans les formulations, clair dans les symboles, dépourvu non pas de questionnements, mais de volontés introspectives.

Savoir relativiser ; annihiler la perfection, et la volonté de l'atteindre. Définir les mots, les utiliser dans leur sens précis ; accepter de créer et de détruire, laisser tomber la folie au fond des oubliettes ; jouer avec les sens comme on perçoit les odeurs. Se rassurer.

Il y a des puissances qui me dépassent, des puissances qui rongent, rognent, détruisent, pourrissent ; celles qui font que parfois, l'on parvient à dire la Vérité, sans vraiment le vouloir.

Pourquoi avoir peur de ça ?

Parce que c'est le moment, parce qu'il est temps de commencer à connaître la peur, dans ses moindres retranchements, l'accepter et l'aimer, parce qu'elle nous porte et nous aide.

Tu te souviens, que l'ombre et la lumière sont préférables au néant ?

Oui, toi, tu l'avais dit un jour, mais je pense que tu n'as pas compris la portée réelle de ta phrase sur le moment. Et l'autre de rajouter : "comment fait-on, quand on ne pense plus qu'en devançant ?"

Et si je veux aller trop vite, trop loin, trop profond, je ne risque pas de tout voir d'un coup, et d'en mourir ? Je ne risque pas de devenir trop fort, de me détruire ?

La logique est un cadeau ; persévérer est humain ; mais persévérer dans sa logique est une grave erreur.

Ne m'obligez pas à en faire trop, parce que je ne vais pas savoir penser différemment.

Alors, quoi ? Je me demande pourquoi je prends la place du mort, en ce moment ; pourquoi je la vois tous les soirs, alors qu'elle n'a jamais existé. Pourquoi je parle, simplement, pourquoi j'associe, pourquoi je remets en cause.

Je ne sais pas me voir en face.

Je ne crois pas que ce soit possible.

Seulement, lorsque tout ces vérités arrivent d'un coup, le corps n'a d'autre remède que d'intellectualiser ou d'agir. Et si l'action est considérée comme limitée, il n'y a plus que le cerveau qui marche.

Au-delà de ça, c'est le fait de croire qui détruit. Voilà la folie humaine : la capacité à s'aveugler en étant sûr d'un fait.

Peut-on croire en un Dieu, en un autre ? Que fait-on lorsque, à fleur de peau, il n'y a plus que le bruissement des draps et l'idée d'un coeur qui bat ?

Moi qui veut parler promptement et simplement, je suis impuissant face à moi-même.

Aujourd'hui, j'ai senti mon cerveau chauffer tellement qu'il a presque coulé le long de ma narine droite. "Pourquoi, pourquoi, pourquoi ?"

En fait, je me rends compte que je pourrais perdre les pédales, et continuer à parler normalement.

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